samedi 20 février 2010

Tenebris


J'étais encore lycéen, j'aimais beaucoup le quartet americano-armenien de la cité des anges, mais je recherchais plus, plus de violence, plus de rapidité, de brutalité. Je voulais savoir si j'étais capable d'écouter de la musique encore plus bourrine. J'avais déjà tenté d'écouter des morceaux de l'hydre à 9 têtes d' Iowa, je n'avais pu entendre que du bruit, je pensais que ce groupe représentait la limite de l'audible que mes oreilles ne sauraient franchir. J'avais malgré tout pu me rendre compte chez un ami, que le vocaliste de la formation de Des Moines était capable de chanter avec une voix claire, ce qui rendait la musique du groupe nettement moins bruitiste. Un soir je me senti prêt à subir l'épreuve du groupe au nœud coulant, je tentât l'expérience seul dans ma chambre, il faisait nuit, les premiers sons que j'entendis fut des hurlements bizarres, presque inquiétant, des sonorités étranges, puis du bruit, je n'étais pas vraiment surpris de percevoir ainsi la musique du groupe d' Iowa, mais j'étais surpris de ne plus être brutalisé, de pouvoir écouter ce son sans souffrance, j'étais passé du stade de l'asphyxie musicale au stade de l'apnée musicale. Plus surprenant encore, je percevais une colère incontrôlée car tout simplement incontrôlable, une rage presque inexplicable, une haine absolue, un véritable chaos , une noirceur que les chants clairs parvenait difficilement à éclaircir. J'avais gouté à l'obscurité, je ne pourrais désormais plus m'en passer.

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